1) Qu’est ce que la polyarthrite rhumatoïde ?
La polyarthrite rhumatoïde est la forme la plus fréquente de rhumatismes inflammatoires chroniques. Elle fait partie des maladies auto-immunes, où l’immunité agresse le propre corps de la personne atteinte.
C’est une maladie qui se manifeste sous forme d’inflammation d’une ou de plusieurs articulations, qui gonflent, deviennent douloureuses et limite l’amplitude de mouvement.
La polyarthrite rhumatoïde touche le plus souvent les mains, les poignets, les genoux et les petites articulations des pieds. Avec le temps, et parfois dès le début de la maladie, les épaules, les coudes, la nuque, les mâchoires, les hanches et les chevilles peuvent également être touchés. Sans traitement, ces articulations peuvent se déformer au fil du temps.
La polyarthrite rhumatoïde touche environ 0,50 % de la population mondiale, et les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes. Bien que la maladie puisse apparaître à n’importe quel âge, les premiers symptômes surviennent en général entre 40 ans et 60 ans.
L’évolution de la polyarthrite rhumatoïde est difficilement prévisible. Souvent, elle évolue par poussées, entrecoupée de périodes où les symptômes s’atténuent, voire disparaissent temporairement. En règle générale, la maladie tend à s’aggraver, à atteindre et endommager de plus en plus d’articulations voire certains organes pour les formes plus avancées.
Si elle n’est pas correctement traitée, elle peut devenir très invalidante dans 20 % des cas. Pourtant, il peut y avoir des rémissions partielles voire totales (environ 10 à 15%).
Certains traitements occidentaux ont prouvé leur efficacité sur la maladie mais ils ne sont pas dépourvus d’effets secondaires pour le malade (perte des cheveux, perte d’appétit, anémie, nausées, fièvre, fatigue, baisse d’immunité…).
De plus en plus de personnes atteintes de cette maladie se tournent vers des médecines holistiques et traditionnelles telles que l’Ayurveda, qui a depuis des millénaires fait ses preuves en la matière. L’ayurveda propose une prise en charge personnalisée et globale qui va chercher à éliminer les causes de la maladie.
2) Amavata : l’équivalent de la polyarthrite rhumatoïde en Ayurvéda
Dans les anciens textes védiques (Charaka Samitha, Sushruta Samitha…), la polyarthrite rhumatoïde est assimilée à “Amavata”. En effet, elles ont toutes deux des causes et des symptômes similaires.
En Sanskrit, le groupe des maladies arthritiques se nomme les Amavas.
« Ama-vata » se compose de deux mots : « Ama » et « Vata ».
Ama = toxines
Vata = dosha vata (air+éther) ou vâyu
L’étymologie nous oriente déjà sur les causes et la nature de la maladie qui est à la fois liée à une surcharge de toxines (ama) dans le corps donc à un feu digestif faible (mandagni) ainsi qu’à un dérèglement du dosha vata.
D’après Robert Svoboda, Amavata est une affection rhumatismale dans laquelle le corps est rempli de « rhuma » qui est une forme d’ama.
Elle sévit dans le monde entier mais particulièrement dans les climats froids et humides qui favorisent la congestion de kapha et l’accumulation d’ama.
Le vata déréglé et vicié va pousser l’ama dans les différentes parties du corps par les canaux circulatoires de la lymphe et du sang (rasa vaha srotas et rakta vaha srotas) ce qui va endommager les différents tissus (dathus) et, de ce fait dérégler l’ensemble des doshas (kapha et pitta).
Les toxines vont se déposer au niveau des articulations (shleshma sthana) et au fil de l’évolution de la maladie, causer des douleurs aiguës (semblables à des piqûres de scorpions), des œdèmes et des inflammations du liquide synovial. A un stade avancé de la maladie, les articulations et les cartilages sont endommagés voire détruits, les os peuvent se déformer et certains organes, notamment le cœur peuvent être atteint pour les formes les plus graves.
3) Les causes de Amavata (Nidâna)
Viruddha ahara : les incompatibilités alimentaires
Viruddha Chesta : les pratiques de vie malsaines
Mandagni : feu digestif faible entraînant une digestion lente pendant une longue période
Nischala : activités de vie sédentaires
Snigdha bhojana, vyayama : consommation d’aliments gras, onctueux, riches en calories et se livrer directement à des exercices.
Les causes énumérées ci-dessus vont créer des toxines dans le corps, ce que l’on nomme “Ama” en ayurveda.
– Le rôle de « ama » dans Amavata
Au cours de la digestion, les nutriments sont assimilés et les substances inutiles sont éliminées par voies naturelles sous forme de déchets (mala).
Si le feu digestif est trop faible (mandâgni), ces substances ne peuvent pas être complètement digérées et ne sont donc pas assimilées. Elles demeurent dans l’organisme sous forme de toxines, ce que l’on nomme en Ayurvéda « ama ».
En fait, ce sont les résidus toxiques de la digestion dont l’organisme ne parvient pas à se débarrasser.
Ama ressemble à une pâte, une colle gluante et malodorante.
– Le rôle du dosha Vata dans Amavata
Les causes précédemment énumérées vont également perturber le dosha Vata.
Le dosha vata est composé d’air et d’espace. Il est responsable de tous les mouvements du corps (circulation, digestion, respiration, excrétion, fonctions motrices et sensorielles, formation du foetus, influx nerveux…).
C’est le roi des doshas dans le sens où il contrôle les fonctions de pitta et de kapha, qui eux, sont immobiles.
Ces qualités (guna) sont : sec, léger, rugueux, froid, mobile, subtil, clair, dur, rapide et gazeux
Le Vata en déséquilibre ou vicié (Charaka Samhitâ, Su. chap 12 s-8)
“Le vata déséquilibré afflige le corps de divers troubles, affecte la vigueur, le teint, la joie et la vitalité, agite l’esprit, affecte les organes des sens, détruit et déforme l’embryon, engendre la peur, la tristesse, la confusion, l’anxiété et le délire, au final il fait mourir le souffle vital. “
Dans le cas de « Amavata », vata devient vicié et s’accumule hors de son siège. Il ne va plus assurer normalement sa fonction dans le corps et va aider les toxines à se répandre dans les tissus.
KRIYAKALA : Les stades de la maladie
L’accumulation (sanchaya)
Lorsqu’une personne s’expose aux causes de Amavata (incompatibilités alimentaires, feu digestif faible…) les toxines commencent à se former et le dosha Vata s’accumule dans son siège, le côlon, provoquant distension, gaz, constipation, fatigue et sécheresse mais aussi difficulté de mouvement. Si la personne continue à prendre des aliments non adaptés à sa constitution et à avoir des habitudes inadaptées, le dosha vata continue d’augmenter ainsi que la quantité d’ama et il y a « aggravation ».
A ce stade, il n’y a pas encore de symptômes flagrants.
L’aggravation (prakopa)
A ce stade, le dosha vata commence à s’accumuler dans toute la zone du bas du dos, la zone pelvienne et génitale, urinaire, les os, la peau, les 5 sens, les oreilles en particulier au niveau mental et évidemment le colon qui est son siège principal. Le feu digestif, toujours faible, continue de générer des toxines car la digestion ne se fait pas correctement.
Les symptômes sont de nature modérée, mais la personne a l’impression de ne pas bien se porter. Elle peut encore se rétablir si elle modifie son régime alimentaire et son mode de vie. Amavata Prakopa provoque une accumulation supplémentaire de gaz , gargouillements, une distension abdominale importante et une constipation plus sévère. La négligence de ces symptômes va conduire au niveau 3 de la pathologie, le débordement ou diffusion.
La diffusion (prasara)
Le dosha vata a rempli ses différents sièges et commence à déborder dans les endroits contrôlés par les autres doshas. Il entre par le plasma et le sang et se dispersent en dehors du système digestif. Le dosha vata n’est plus localisé et peut maintenant pénétrer dans dans les organes et les tissus du corps, en causant des dégâts variés. Il transporte Ama qui se dépose notamment dans les articulations. Les symptômes sont encore généraux et diffus.
Amavata Prasara provoque :
– une peau sèche,
– des douleurs et problèmes articulaires,
– mal en bas du dos,
– convulsions, spasmes,
– maux de tête,
– toux sèche,
– fièvre intermittente,
– douleurs abdominales
– constipation
– fatigue générale.
La relocalisation (Sthana samsraya)
Les tissus (dhatus) commencent à être affectés à ce stade par l’accumulation de vata et de toxines (Ama). Les canaux (srotas), en tant que système de communication, sont grandement affectés à ce stade du processus pathologique. C’est l’étape la plus critique du Kriyakala car les feux digestifs inhérents à chaque tissus (Dhatu Agni) sont perturbés.
À ce stade, un certain nombre de facteurs forment les conditions préalables à la manifestation de la maladie :
– Invasion des doshas dans les canaux et les tissus (Srota et Dhatu),
– Déformation et dysfonctionnement des canaux (Srotamsi),
– Diminution de la force vitale et du système immunitaire (Bala et Ojas),
– Accumulation des toxines et des déchets dans les canaux et les tissus, (Ama et Mala dans les Srotas et Dhatu).
Les facteurs ci-dessus donnent également lieu à des symptômes préliminaires (Purvarupa) plus marqués :
- Apaka (indigestion)
- Trishna (soif)
- Jwara (fièvre)
- Kshudhamandya (perte d’appétit)
- Alasya (léthargie, faiblesse)
- Gaurava (lourdeur du corps)
- Shunata (gonflement des parties du corps)
Les symptômes spécifiques (Vishista) ont les mêmes attributs que le Dosha causant la maladie (vata) et sont les premières manifestations de la maladie à venir dans la cinquième étape du Kriyakala.
Vyakti (stade de manifestation de la maladie)
C’est à ce stade que l’on identifie la maladie : Amavata.
Symptômes :
- douleurs matinales aigues (Vriscikdamshavata Vedana)
- Douleurs changeantes (Sanchari Vedana)
- Raideurs des articulations (Stambha)
- Perte d’amplitude dans les mouvements (Karmahani)
- Déformation des articulations (Sandhi Vikruti)
Bheda (perturbation),
Dans la 6ème et dernière étape de la maladie, celle-ci a atteint son niveau le plus dangereux. Elle peut devenir chronique, incurable ou même entraîner des complications et le développement de maladies secondaires ou tertiaires.
CHIKITSA
En ayurveda, le premier des remèdes est toujours d’éliminer les causes premières de la maladie (nidana). Un praticien peut tout d’abord expliquer à la personne les règles d’hygiène de vie à respecter et l’accompagner avec un régime anti-ama afin de détoxifier le corps.
Il est également conseillé de faire une cure panchakarma (5 actions) qui vise à nettoyer et purifier le corps en profondeur.
– Langhana (le jeûne) : Jeûner permet au corps de digérer « Ama ». Il peut aussi s’agir d’une diète adaptée avec des aliments facile à digérer.
– Swedana : c’est la thérapie par la sudation. Elle est effectuée localement sur les articulations affectées.
– Virechana : les purges peuvent être également préconisées.
– Basti : les lavements sont efficaces dans le cas de Amavata surtout ksharabasti et anuvasanabasti
Traitements externes :
Massage Abhyanga (Dhanwantharam thailam, Kottam Chukkadi thailam, Valiya Narayan thailam, Penda Thailam…)
Swedana Pinda sweda
Churna pinda sweda (bolus médicamenteux en poudre),
Patra pinda sweda (bolus feuilles)
Valuka sweda (bolus de sable)
Dhanyamla Dhara (liquides à base d`herbes fermentées)
Upanaha (cataplasmes)
DRAVYA GUNA CHIKITSA
ATTENTION : Les plantes et formules énumérées ci-dessous ne sont pas à prendre à la légère ; il est nécessaire de consulter un praticien en ayurvéda et de consulter votre médecin pour d’éventuelles interactions avec des traitements déjà en cours.
GUGGULU (Commiphora mukul)
Le Guggulu est la plante de prédilection pour contrôler l’inflammation dans Amavata.
RASA (saveur) | Amer, piquant, doux, astringent |
GUNAS (qualités) | Léger, subtil, visqueux |
VIRYA (potentiel) | Chaud |
VIPAKA (effet post digestif) | Piquant |
DOSHA KARMA (effets sur les doshas) | Agit sur les trois doshas, mais diminue particulièrement Vata et Kapha |
Le Triphala Guggulu est souvent utilisé dans ce cas étant donné que le Triphala purifie le système, que le Pippali améliore la digestion et que le Guggulu est anti-inflammatoire..
Plus courant, Yogaraj Guggulu est une formule traditionnelle de plantes détoxifiantes conçue pour réduire l’excès de Vata dans le système et favoriser l’élimination des toxines. Il est particulièrement utile pour le Vata accumulé dans les articulations et les muscles. Il a des effets anti-inflammatoires, antispasmodiques, astringents, carminatifs, dépuratifs, digestifs, myorelaxants, rajeunissants, stimulants et toniques.
PANCHAKOLA CHURNA :
C’est un remède ayurvédique composé de poudre de plantes et utilisé souvent dans les premiers stades de la maladie lorsque les symptômes se manifestent en partie au niveau du système digestif.
Sources :
ayurvedaremediesforarthritis
easyayurveda
“Prakriti” de Robert Svoboda
hemwomenthat.ru
Charaka Samhita
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